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Suspension du parti de Soumane Touré : il faut maintenant déconstruire le discours sanctionné

« En application de l’article 30 de la loi n°032-2001/AN du 29 novembre 2001 portant Charte des partis et formations au Burkina Faso, les activités du parti politique dénommé Parti de l’Indépendance, du Travail et de la Justice (PITJ) sont suspendues, au motif que sa déclaration du 30 mars porte atteinte aux dispositions des articles 3, 4, 20 et 21 de la loi ci-dessus mentionnée ». Voilà l’essentiel de l’arrêté de suspension de trois mois du parti de Soumane Touré que le ministère en charge de l’administration territoriale a rendu public ce jeudi 5 avril 2018. Le truculent syndicaliste et homme politique avait été auparavant entendu par les services de ce département ministériel et selon des informations dignes de foi, il a maintenu ses propos tenus lors de sa rentrée politique qu’il tient le 30 mars de chaque année. Ce discours sur le « mossi power » (la chefferie moaga, ethnie dominante du Centre accusée de toujours œuvrer à placer ses fils aux postes clés du pays, au détriment des autres ethnies) est-il nouveau ? Non, pour ceux qui suivent les rentrées politiques du septuagénaire Soumane, il a juste remis le couvert cette année. Certains pensent même que ses discours sont des copié-collé depuis 10 ans.

Alors, pourquoi le gouvernement a sorti le bâton contre le parti de l’ancien marxiste-léniniste ?

Il est fort probable qu’après deux ans d’observation, la stratégie du gouvernement ait changé. S’il avait pensé que Soumane ferait profil bas à un moment donné, l’actualité vient de lui rappeler tout le contraire. Ce n’est pas un homme qui abandonne facilement ses opinions puisqu’il dit à qui veut l’entendre qu’il ne craint rien. L’Etat veut donc exercer la plénitude de son autorité et faire respecter la loi. Et on peut penser que désormais Soumane Touré sera surveillé de très près. Cet argumentaire peut se défendre et le gouvernement a intérêt à ce que le bâton prévale désormais pour tous ceux qui s’égarent (sans exception) en ce qui concerne les dispositions de la charte des partis et formations politiques du Burkina Faso.

Si l’attitude du gouvernement se comprend dans le sens du respect de la loi et pour la restauration de l’autorité de l’Etat, il faudrait cependant aller au-delà de la sanction. En effet, Soumane Touré accuse l’ethnie moaga (du centre) de dicter sa loi aux autres Burkinabè. S’il existe des indices, il faut crever l’abcès et non poursuivre dans le mouta-mouta. Dans le cas contraire, il faut impérativement déconstruire ce discours qui peut gonfler et prendre des proportions inquiétantes. Il ne faut pas se voiler la face : des terreaux fertiles existent, notamment la radicalisation et le sentiment de frustration entretenue par certains individus au Nord et à l’Ouest. C’est pourquoi, le gouvernement doit, après la sanction contre le parti de Soumane Touré, promouvoir les valeurs d’unité nationale et de cohésion sociale tout en insistant sur la répartition équitable des fruits de la croissance. L’Etat doit absolument démontrer que Soumane Touré est un politique égaré au regard de l’absence d’éléments de fractionnement ethnique lors des élections et que les populations burkinabè aspirent à vivre ensemble dans la tolérance religieuse et ethnique.

Bruno TARPAGA

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