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4800 morts par an dus au tabac: l'inaction du gouvernement burkinabè pointée du doigt

Nous vous proposons la déclaration liminaire que les associations de lutte contre le tabac ont livrée aux journalistes ce jeudi 5 avril 2018 lors d'une conférence de presse organisée pour évoquer entre autres le non respect de l'apposition des messages sanitaires graphiques sur les paquets de cigarretes.

Distingués amis de la presse,

Chers compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Je prends la parole aux noms de Afrique Contre le Tabac (ACONTA),de la ligue des consommateurs du Burkina Faso (LCB) et du Réseau des journalistes antitabac  du Burkina Faso pour vous dire merci une fois de plus pour avoir répondu présent à notre invitation. Votre présence témoigne de l’intérêt  que vous portez à la lutte antitabac au plan national et international.

Chers journalistes,

Dans le monde entier, il y a 181 pays qui ont ratifié et mettent en œuvre la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-Tabac (CCLAT). Le Burkina Faso a ratifié la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT) il y a douze (12) ans. La loi N° 040-2010 AN du 25 novembre 2010 portant lutte contre le tabac au Burkina Faso, a été adoptée il y a huit (08) ans. Parmi les textes d’application, le décret et l’arrêté relatifs au conditionnement et à l’étiquetage des produits du tabac ont été adoptés il y a respectivement sept (07) ans et trois (03) ans.

Cela fait donc trois(03) ans que les industriels de tabac défient l’autorité de l’Etat au Burkina Faso pour la non apposition des messages sanitaires graphiques, classant le Burkina 153 dans le concert des nations dans la mise en œuvre des messages sanitaires graphiques alors qu’il aurait pu être parmi les premiers.

En rappel, plus de 100 pays appliquent des images sur les paquets de cigarettes dont les plus récents en Afrique sont : le Sénégal, le Tchad, le Kenya, Maurice, Madagascar et Seychelles.

Le Burkina Faso ne doit pas rester en marge de cette dynamique internationale pour la protection de la santé publique d’autant plus que le fléau du tabagisme endeuille maintenant plus de 4800 familles dans notre pays selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il a fallu le courage et le sens élevé du patriotisme du Ministre de la Santé d’alors Monsieur Smaila OUEDRAOGO qui intenté un procès contre la MABUCIG et l’a convoqué publiquement lui demander de trouver une solution pour l’apposition des avertissements sanitaires graphiques.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Nous saluons l’adhésion des Burkinabè qui ont manifesté massivement leur soutien indéfectible aux actions de Afrique Contre le Tabac en matière d’apposition de ces messages sanitaires graphiques notamment l’accueil réservé à la caravane de sensibilisation sur le sujet et nous promettons de poursuivre le combat jusqu’à la victoire finale. Il est important de noter et d’apprécier aussi l’accompagnement dans la lutte antitabac des responsables coutumiers, musulmans et protestantes. A des nombreuses occasions, nous avons compris qu’avec la détermination du peuple entier, nous pourrons faire bouger les lignes. La preuve en est que le 20 décembre 2017, les députés intègres de notre pays ont infligé une correction historique aux industriels de tabac au cours du vote du nouveau code général des impôts. Les industriels de tabac avaient pu interférer à l’Assemblée nationale pour mettre le chaos lors de l’adoption du code des impôts. La mesure phare du Code général des Impôts  a été l’augmentation de 20 points de la taxe sur le tabac. Sous l’œil des populations burkinabè, leur bénédiction, la détermination des ministères en charge de l’économie et de la santé et avec l’aide du Tout Puissant, la taxe sur les produits du tabac a été augmenté à 45% conformément à l’ancienne directive de l’UEMOA. D’autres combats à venir sont à mener dans ce cadre notamment, le minimum de 50% de la taxe ad valorem imposée par la CEDEAO + une taxe spécifique de 10FCFA par tige de cigarette.

Chers journalistes,

Depuis le 11 avril 2017 date de la dernière audience, cela fait bientôt 12 mois /(01) an que  la cour d’appel ne s’est pas encore prononcée sur les arguments dilatoires sur l’exception d’inconstitutionnalité de la loi antitabac soulevée par l’avocat de la MABUCIG.

Le TGI de Bobo Dioulasso a notamment intimé au Conseil de la MABUCIG la décision de saisir le Conseil constitutionnel pour avis sur la conformité de la loi antitabac à la Constitution du Burkina Faso. Le même conseil de la MABUCIG en manœuvrant a fait  appel de la dite décision devant la cour d’appel de Bobo Dioulasso. Cette cour doit à présent statuer sur qui des deux : le TGI de Bobo ou le Conseil de la MABUCIG qui doit saisir le conseil constitutionnel pour avis sur la conformité de la loi antitabac à la constitution du Burkina Faso ?

Depuis 1 an donc, cette cour d’appel n’a pas encore statué. Pourquoi la justice prend tant de temps pour donner un tel avis ? la question est à poser aux juges du TGI de Bobo et à ceux de la Cours d’appel. Nous les avons interpellés à maintes reprises pour que finalement l’appel soit programmé le 30 Avril 2018 prochain, soit plus de 1 an après.

Il est important de signaler que pendant ce temps, il y a des violations répétitives de la loi antitabac et de la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Les mesures violées sont entre autres :

  • L’interférence de l’industrie du tabac dans l’adoption et la mise en œuvre des politiques de lutte antitabac ;
  • L’interdiction de fumer dans les lieux publics ;
  • L’interdiction de la publicité de la promotion et du parrainage ;
  • La lutte contre le commerce illicite des produits du tabac ;
  • L’interdiction de la vente aux mineurs et par les mineurs.

Dans cette affaire, l’administration publique apporte sa bénédiction coupable à cet état de fait grâce à l’immobilisme de nos autorités et parfois avec leur flagrante complicité. Ainsi lors des cérémonies organisées par la Manufacture burkinabé de cigarettes (MABUCIG), nous avons vu dans la presse des ministres de ce pays participer à ces cérémonies de ces hors la loi. Certains ont même été décorés à cette occasion (confère article wakatsera.com publié le 8 Septembre 2017 accédé le 04/04/2018 à 13h00).

Cela n’est pas normal.

Comment des gens qui tuent 4800 personnes par an au Burkina Faso et qui ont les mains tachées du sang de leurs victimes, nos concitoyens, sont-ils décorés ?

Ces situations portent un coup dur à la lutte antitabac et n’honorent pas la mémoire de ces victimes.Le Burkina Faso ne doit pas être, et ne sera pas, un eldorado pour les industriels de tabac hors la loi.

Nous trouvons pour notre part que nos autorités doivent se ressaisir et honorer la mémoire des victimes de ces cigarettiers et leurs complices ; sinon l’histoire les jugera pour avoir jeté en pâture nos populations à ces sangsues et délinquants aux cols blancs. A notre avis, il y a un manque de volonté politique dans le traitement de cette question. Nous leur disons publiquement que la procédure en cours devant les tribunaux de Bobo n’est pas un frein à l’application de l’arrêté relatif à l’apposition des avertissements sanitaires. L’arrêté n’est pas suspendu, il est plus tôt en vigueur. La MABUCIG doit mettre les images sur les paquets de cigarettes. Il n’y a aucun lien entre l’application de l’arrêté et la procédure en cours.

Mesdames et Messieurs,

Au regard de ce qui précède, nous demandons :

  • A tout peuple Burkinabè, à tous les patriotes qui veulent le bien de ce pays de s’engager à quelque niveau que ce soit dans cette lutte car nous menons un combat pour le bien-être de tous.
  • Au gouvernement, notamment au Premier Ministre, au Ministre de la Santé, au Ministre des Finances, au Ministre de la Justice, au Ministre de la Sécurité et au Ministre du Commerce d’accélérer la résolution de cette question, par le retrait pur et simple des cigarettes non conformes au cadre législatif et règlementaire car ce sont plus de 4.800 Burkinabè qui meurent par an des effets du tabac. Le rôle du Gouvernement est de servir le Burkina Faso ; son inaction contribue à cette hécatombe causée par les industriels.

Chers membres du gouvernement, gouverner c’est prévoir. Quelle sera votre réaction si près de 5000 personnes décèdent le même jour ? Vous vous précipiterez certainement pour identifier et punir les responsables. C’est exactement, le même scénario qui se passe chaque année sans que vous ne leviez le petit doigt. Nous vous rappelons que ce sont les statistiques qui parlent et l’histoire retiendra le rôle joué par tout un chacun dans cette lutte.L’apposition des images sur les paquets de cigarettes est une solution efficace qui a été appliquée dans plus de 100 pays au monde dont les plus récents en Afrique sont : le Sénégal, le Tchad, le Kenya, Maurice, Madagascar et Seychelles.

  • Aux juges de s’investir d’avantage pour que cette affaire connaisse un dénouement heureux pour les populations burkinabè. La date du 30 avril prochain retenu pour la suite de la procédure est saluée par les organisations de lutte antitabac qui suivent de très près le déroulement de la procédure. Nous attendons que justice soit rendue aux victimes du tabac.
  • Aux autorités coutumières et religieuses de diffuser l’information juste et vraie dans les lieux de cultes afin que nos enfants cessent d’être la cible des industriels de tabac. Vous avez prêté une oreille attentive à notre plaidoyer nous vous assurons que la lutte sera longue mais la vérité finira par triompher.Nous vous disons merci pour l’accompagnement et l’engagement en faveur de la lutte antitabac.
  • Aux femmes et aux mères et particulièrement à celles qui occupent des postes de responsabilités de parler aux autorités pour qu’elles agissent car l’avenir de notre pays est sombre. Si aujourd’hui la consommation de tabac fait 4.800 décès, dans 5 à 10 ans nous assisterons tous à un désastre. Le tabac est la porte d’entrée aux drogues dures un autre fléau qui décime notre population.

Pourquoi nos enfants que nous aimons tant et sur qui nous comptons sont abandonnés aux crocs de ces industriels de tabac ? Si rien n’est fait, ils seront les potentiels malades et victimes du tabac.

  • Aux industriels de tabac de respecter les lois édictées par notre pays. Ces lois se justifient pour que notre pays demeureavec des populations en parfaite santé pour assurer la relève (…).

Salif NIKIEMA/ACONTA

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