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Compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 24 juin 2020

Le Conseil des ministres s’est tenu à Ouagadougou, le mercredi 24 juin 2020, en séance ordinaire, de 09 H 15 mn à 17 H 10 mn, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE Président du Faso, Président du Conseil des ministres. Il a délibéré sur les dossiers inscrits à son ordre du jour, entendu des communications orales et procédé à des nominations.

I. DELIBERATIONS

I.1. AU TITRE DE LA REFORME DES INSTITUTIONS ET DE LA MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION, LE CONSEIL A ADOPTE NEUF (09) RAPPORTS.

I.1.1. Pour le compte du ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale :

- un rapport relatif au relèvement des pensions des agents des collectivités territoriales et leurs ayants droits.

Ce rapport fait le point de la situation des pensions de neuf cent cinquante (950) retraités des collectivités territoriales dont 770 affiliés à la Coordination de retraite des agents de collectivités territoriales (CRAC) et à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et 180 retraités des collectivités territoriales exclusivement gérés au niveau de la CRAC.

Cette situation a pour conséquence la faiblesse des pensions servies aux retraités des collectivités territoriales, comparativement à leurs homologues de la Fonction publique d’Etat.

Le Conseil a décidé, au regard des propositions du groupe de travail mis en place le 03 septembre 2008, de procéder à un relèvement selon les tranches, des pensions servies aux agents des collectivités territoriales et leurs ayants droits.

Il a également décidé pour le règlement définitif de la situation, d’adjoindre la question de la pension des agents des collectivités territoriales aux travaux en cours sur l’amélioration des pensions servies actuellement au Burkina Faso.

I.1.2. Pour le compte du ministère de l’Economie, des finances et du développement :

- un décret portant adoption du référentiel d’élaboration, d’adoption, d’exécution et de suivi de l’exécution des contrats-plans conclus entre l’Etat et les sociétés d’Etat.

L’adoption de ce décret permet de doter notre pays d’un référentiel de base d’encadrement du processus d’élaboration des contrats-plans aussi bien pour l’Etat que pour les opérateurs concernés.

- un décret portant conditions et modalités de réparation des préjudices subis par les victimes enregistrées auprès du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale.

Ce décret répond de la volonté de réparer les préjudices subis par des Burkinabè en raison de faits imputables à l’Etat et à ses démembrements depuis 1960 et de créer des conditions propices à la réconciliation et à la consolidation de l’unité nationale.

L’adoption de ce décret permet de disposer d’un référentiel pour la réparation des préjudices et ainsi, d’aller vers la liquidation définitive des dossiers par un schéma d’indemnisation des victimes enregistrées auprès du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN).

- un décret portant désignation de l’Autorité compétente en matière de gel administratif et des autres sanctions financières ciblées et création de la Commission consultative sur le gel administratif (CCGA).

L’adoption de ce décret permet de mettre en place un dispositif efficace pour une mise en œuvre du gel administratif et des autres sanctions financières ciblées en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

- un rapport relatif au document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2021-2023.

Ce DPBEP est un outil de cadrage macroéconomique, budgétaire et financier qui couvre la période 2021-2023.

A partir de 2021, l’activité économique connaîtrait une croissance estimée à 5,8%, tirée par les secteurs secondaire (+7,0%) et tertiaire (+5,8%). Pour les années 2022 et 2023, l’activité économique enregistrerait une croissance de sa valeur ajoutée respectivement de 5,6% et 6,0%. Cette croissance serait liée principalement à la performance du secteur tertiaire (6,6%) en 2022 et (+6,3%) en 2023.

S’agissant du secteur primaire, il enregistrerait une croissance de sa valeur ajoutée de 3,8% en 2021.

Pour les années 2022 et 2023, le secteur primaire connaîtrait une croissance respectivement de 2,6% et 5,0%.

Concernant le secteur secondaire, il afficherait une croissance de 7,0% en 2021, soutenue essentiellement par les sous-secteurs de l’industrie extractive.

Le Conseil a autorisé la présentation du DPBEP 2021-2023 à l’Assemblée nationale.

- une ordonnance portant autorisation de ratification de l’accord de prêt n°2016026/PR BF 2016 10 00 signé le 24 juin 2016 à Lomé entre le Burkina Faso et la Banque ouest africaine de développement pour le financement partiel du Projet d’aménagement et de bitumage du boulevard des Tansoba (Rocades Sud-Est et Nord) à Ouagadougou au Burkina Faso.

Le coût total du projet est estimé à 27,594 milliards de F CFA HT. La Banque ouest africaine de développement (BOAD) participera au financement de ce projet à hauteur de 20 milliards de F CFA HT. La contribution de l’Etat est de 7,594 milliards de F CFA.

I.1.3. Pour le compte du ministère des Mines et des carrières :

- un décret portant extension du périmètre géographique du permis d’exploitation industrielle de la grande mine d’or de la société HOUNDE GOLD OPERATION SA.

Cette extension du périmètre géographique concerne 38,59 km2, ce qui porte la superficie totale du nouveau permis d’exploitation de la mine de Houndé à 61,79 km2. Elle permettra la création de 30 emplois supplémentaires et le maintien de 1 100 emplois actuels de HOUNDE GOLD OPERATION SA jusqu’en 2028. L’extension de la mine contribuera au budget de l’Etat à hauteur de quatre-vingt-sept milliards quatre cent vingt millions (87 420 000 000) de F CFA.

I.1.4. Pour le compte du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat :

- un décret portant organisation du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat.

L’adoption de ce décret permet de doter le ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat d’un nouvel organigramme afin d’accomplir efficacement ses missions et de se conformer au décret n°2016-027/PRES/PM/SGG-CM du 23 février 2016 portant organisation-type des départements ministériels et au décret n°2019-0139/PRES/PM/SGG-CM du 18 février 2019 portant attributions des membres du gouvernement.

- deux décrets relatifs à l’application de la loi n°016-2017/AN du 27 avril 2017 portant organisation de la concurrence au Burkina Faso.

Le premier décret fixe les termes et les modalités d’application des contrats de franchise au Burkina Faso et le second porte règlementation des ventes promotionnelles, soldes, liquidations et autres techniques de vente.

L’adoption de ces décrets permet de renforcer le dispositif juridique en matière de concurrence et de protection des consommateurs.

I.2. AU TITRE DU DEVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN, LE CONSEIL A ADOPTE

Pour le compte du ministère de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire :

- un rapport relatif à la conclusion de contrats par la procédure d’entente directe pour l’acquisition de riz dans le cadre de la gestion des personnes déplacées internes (PDI), des personnes vulnérables et des ménages vulnérables confinés suite à la COVID-19.

Le Conseil a marqué son accord pour la conclusion des contrats avec les entreprises suivantes :

- Lot 1 : WEND BENEDO TRADING AND SERVICES (WBTS SARL), pour l’acquisition de 970 tonnes de riz en sacs de 50 kg, pour un montant de cinq cent vingt-trois millions huit cent mille (523 800 000) F CFA HTVA, avec un délai d’exécution maximum de quarante-cinq (45) jours ;

- Lot 2 : GENERAL TRADING SARL, pour l’acquisition de 973,5 tonnes de riz en sacs de 50 kg, pour un montant de cinq cent vingt-cinq millions six cent quatre-vingt-dix mille (525 690 000) F CFA HTVA, avec un délai d’exécution maximum de quarante-cinq (45) jours ;

- Lot 3 : ETABLISSEMENTS KABORE DJIBRIL (EKD), pour l’acquisition de 800 tonnes de riz en sacs de 50 kg, pour un montant de quatre cent trente-deux millions (432 000 000) de F CFA HTVA, avec un délai d’exécution maximum de quarante-cinq (45) jours.

Le montant total de ces marchés s’élève à un milliard quatre cent quatre-vingt et un millions quatre cent quatre-vingt-dix mille (1 481 490 000) F CFA HTVA.

Le financement est assuré par le budget de l’Etat, exercice 2020.

II. COMMUNICATIONS ORALES

II.1. Le ministre de la Santé a présenté au Conseil les conclusions de la réunion du Comité national de gestion de la crise de la pandémie de la COVID-19 tenue le lundi 22 juin 2020 sous la présidence de Son Excellence Monsieur Christophe Joseph Marie DABIRE, Premier ministre.

II.2. Le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat a fait au Conseil la situation de la commande publique adressée aux Petites et moyennes entreprises (PME) pour l’année 2019. Il ressort que 38,72% de la commande publique a été allouée aux PME.

Le gouvernement félicite les départements ministériels et les institutions pour le résultat obtenu.

III. NOMINATIONS

III.1. NOMINATIONS DANS LES FONCTIONS INDIVIDUELLES

A. AU TITRE DU MINISTERE DE LA SECURITE

- Monsieur Adama Serge ILBOUDO, Mle 271 555 L, Commissaire principal de police, catégorie I, 2ème classe, 3ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

- Monsieur Yamba Didier DJIGUEMDE, Mle 120 782 Z, Commissaire principal de police, catégorie I, 2ème grade, 3ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

- Monsieur Mahama OUEDRAOGO, Mle 19 514 T, Commissaire principal de police, catégorie I, 2ème grade, 2ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

- Monsieur Ouintaré OUEDRAOGO, Mle 24 377 C, Commissaire principal de police, catégorie I, 2ème grade, 4ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

- Monsieur Lacina OUEDRAOGO, Mle 111 496 R, Commissaire principal de police, catégorie I, 2ème classe, 3ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

- Monsieur Tégawindé Antoine KORBEOGO, Mle 119 415 J, Commissaire de police, catégorie I, 1er grade, 3ème échelon, est nommé Coordonnateur du Projet sécurisation des visas.

B. AU TITRE DU MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU DEVELOPPEMENT

- Monsieur Patin Deba NAZA, Mle 90 03 0060, Economiste gestionnaire, catégorie I, classe B, 19ème échelon, est nommé Directeur général de la Loterie nationale burkinabè (LONAB).

C. AU TITRE DU MINISTERE DU DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE NUMERIQUE ET DES POSTES

- Monsieur Abdoulaye KONDE, Mle 130 468 Z, Magistrat, 1er grade, 1er échelon, est nommé Responsable du « Programme poste », cumulativement avec ses fonctions de Conseiller technique ;

- Monsieur Saidou YANOGO, Mle 34 14 P, Gestionnaire des télécoms, CS2, classe exceptionnelle 5, est nommé Responsable du « Programme infrastructure », cumulativement avec ses fonctions de Conseiller technique ;

- Madame Aminata ZERBO/SABANE, Mle 334 028 B, Enseignant-chercheur, est nommée Responsable du « Programme budgétaire transformation digitale », cumulativement avec ses fonctions de Secrétaire technique d’analyses et d’études stratégiques.

III.2.NOMINATIONS DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION

A. PRIMATURE

Le Conseil a adopté deux (02) décrets.

Le premier décret porte nomination des personnes ci-après, Administrateurs au Conseil d’administration du Fonds national de la finance inclusive (FONAFI) pour un premier mandat de trois (03) ans.

ADMINISTRATEURS REPRESENTANT L’ETAT

Au titre de la Primature :

- Madame Ida OUEDRAOGO/PARE, Mle 91 270 M, Inspecteur du trésor.

Au titre du ministère de l’Economie, des finances et du développement :

- Monsieur Lin HIEN, Mle 41 576 D, Inspecteur du trésor.

Au titre du ministère de l’Agriculture et des aménagements hydro-agricoles :

- Monsieur Adama SANKARA, Mle 118 353 X, Conseiller d’agriculture.

Au titre du ministère de la Jeunesse et de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes :

- Madame Karidiatou DAO/OUEDRAOGO, Mle 111 090 V, Inspecteur du trésor.

Au titre du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat :

- Monsieur Kiswendsida Honoré KIETYETA, Mle 33 30 P, Gestionnaire financier.

ADMINISTRATEUR REPRESENTANT LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DU BURKINA (CCI-B)

- Monsieur Wendpouré Emmanuel TAPSOBA, Mle 23 19 140 Y, Conseiller financier.

ADMINISTRATEUR REPRESENTANT L’ASSOCIATION PROFESSIONNELLE DES SYSTEMES FINANCIERS DECENTRALISES DU BURKINA FASO

- Madame Azaratou SONDO/NIGNAN, Mle 330, Sociologue-communicatrice.

Le second décret nomme Madame Ida OUEDRAOGO/PARE, Mle 91 270 M, Inspecteur du trésor, Présidente du Conseil d’administration du Fonds national de la finance inclusive (FONAFI) pour un premier mandat de trois (03) ans.

B. MINISTERE DE LA JEUNESSE ET DE LA PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT DES JEUNES

Le Conseil a adopté trois (03) décrets.

Le premier décret nomme Monsieur Abdoul Karim TIEMTORE, Mle 216 747 W, Conseiller en emploi et en formation professionnelle, Administrateur représentant l’Etat, au titre du ministère de la Jeunesse et de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes au Conseil d’administration de l’Agence nationale de la formation professionnelle (ANFP) pour un premier mandat de trois (03) ans.

Le deuxième décret porte nomination de Monsieur Lévi SAWADOGO, Mle 225 035 V, Inspecteur du trésor, Président du Conseil d’administration de l’Agence nationale de la formation professionnelle (ANFP) pour un premier mandat de trois (03) ans.

Le troisième décret nomme les personnes ci-après, Administrateurs représentant l’Etat, au Conseil d’administration du Fonds d’appui au secteur informel (FASI) pour un premier mandat de trois (03) ans.

Au titre du ministère de la Jeunesse et de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes :

- Madame Ethel Jacqueline ILBOUDO/KABORE, Mle 513 262 U, Economiste.

Au titre du ministère des Ressources animales et halieutiques :

- Monsieur Larba OUEDRAOGO, Mle 42 229 K, Conseiller d’administration scolaire et universitaire.

Le Ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Porte-parole du gouvernement,

Rémis Fulgance DANDJINOU
Officier de l’Ordre national

Il aurait financé la pandémie, planifié la vaccination... Ce que vous avez lu sur Bill Gates est-il vrai ?

Pendant la crise sanitaire, il est devenu la cible d’articles lui prêtant des desseins alarmants, mêlant souvent des faits avérés et des fantasmes sans fondement.

Il aurait lancé la pandémie, planifié la vaccination de la population mondiale, voire organisé un génocide sanitaire et un puçage généralisé des habitants de la Terre. Bill Gates est, depuis le mois de janvier, la cible d’innombrables articles lui prêtant des plans machiavéliques.

A la mi-juin, on peut encore lire ou entendre que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « appartient à Bill Gates » (ici), que « le couple Gates (…) enchaîne les déclarations eugénistes » (ici) et que « le vaccin Covid utilisera une technologie expérimentale et modifiera de façon permanente votre ADN… » ().

Qu’en est-il réellement ? Certaines affirmations sont vraies : la fondation Gates a bien un poids considérable dans l’Organisation mondiale de la santé, ce qui lui vaut des critiques, et soutient par ses financements des programmes de santé de son choix, comme la vaccination. Elle finance également des recherches technologiques parfois hybrides pour procéder au suivi de vaccination dans les pays les plus pauvres.

Mais Bill Gates n’a jamais formulé le souhait de réduire ou espionner la population mondiale, ni financé la création du SARS-CoV-2, entre autres affirmations fantasques ou manipulées. Voici, en détail, les accusations récurrentes contre la Fondation Bill & Melinda Gates, confrontées à la réalité.

1. Bill Gates contrôle-t-il l’OMS ?

2. Bill Gates aurait-il prédit voire créé la pandémie de Covid-19 ?

3. Bill Gates utilise-t-il les vaccins pour réduire la population mondiale ?

4. Bill Gates cherche-t-il à imposer un puçage des individus ?

« La Fondation Bill et Melinda Gates accompagne Le Monde Afrique depuis son lancement »

La Fondation Bill et Melinda Gates accompagne Le Monde Afrique depuis son lancement, il y a cinq ans. La fondation américaine octroie une bourse de quelque 600 000 dollars cette année, soit 530 000 euros (2,1 millions de 2019 à 2021 en tout, soit 1,8 million d’euros). Cette bourse aide Le Monde Afrique à traiter des sujets portant sur le développement, dans le plus strict respect de l’indépendance de la rédaction. Elle permet d’affecter plus de journalistes au traitement des sujets concernant l’Afrique, qu’il s’agisse de reporters situés à Paris ou de pigistes vivant sur le continent. La Fondation Gates aide de la même manière le Guardian, en Grande-Bretagne, et El Pais, en Espagne.

« Bill Gates contrôle l’OMS »

Ce qui circule

L’ex-homme le plus riche du monde est accusé de tirer les ficelles de l’OMS. « Bill Gates maintenant est propriétaire d’une bonne partie de l’OMS », affirme par exemple le professeur Christian Perronne, ancien président de la commission spécialisée sur les maladies transmissibles du Haut Conseil de la santé publique, dans un entretien à Sud Radio. Avant d’insister : « L’OMS appartient à Bill Gates maintenant, c’est de notoriété publique. » « Et à la Chine », ajoute l’éditorialiste André Bercoff.

CE QUI EST VRAI

  • Un poids considérable dans le budget de l’OMS

La fondation Gates est l’acteur non étatique le plus puissant de la planète. Sa dotation financière est d’environ 46,8 milliards de dollars en 2018, un montant supérieur au produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’ivoire, de la Jordanie ou encore de l’Islande. Si la fondation Gates était un Etat, selon les données de la Banque mondiale, elle serait le 91e plus riche du monde.

Son poids est particulièrement important dans le domaine de la santé, son cœur d’activité. La Fondation Bill et Melinda Gates est le deuxième plus important contributeur au budget biennal de l’OMS, et s’apprête à passer premier après le gel des financements américains. Elle est par ailleurs, devant les Etats-Unis, le principal financeur de l’alliance GAVI, l’Alliance pour les vaccins.

La fondation Gates est le deuxième contributeur direct au budget de l’OMS

A part les Etats-Unis, aucun pays ni aucune ONG n’a davantage contribué au budget de l’OMS sur l’exercice 2018-2019.

La Fondation Bill et Melinda Gates a procédé à 37 versements à l’OMS en 2019, pour un montant total de 194 millions de dollars. Cette influence est aussi indirecte, puisque l’ONG investit dans de nombreux pays (comme le Nigeria) ou des organisations (comme l’alliance GAVI pour la vaccination mondiale, les programmes de développement des Nations unies ou, par le passé, le National Philanthropic Trust) qui figurent parmi les principaux donateurs minoritaires au budget de l’OMS.

Chronique : « La puissance de la Fondation Gates est, en creux, un révélateur des carences des Etats »
  • Une influence sur la santé mondiale qui pose question

Cette philanthropie massive ne va pas sans poser de problèmes de principe. Celle-ci « devrait être soumise à un droit de regard des Etats et des citoyens, tant son pouvoir est grand et sa menace lourde sur nos démocraties », alerte Lionel Astruc, auteur de l’enquête L’Art de la fausse générosité. La Fondation Bill & Melinda Gates (Actes Sud, 2019).

Ce journaliste et écrivain accuse le milliardaire d’avoir acquis un poids critique qui lui permet de peser en faveur de certaines de ses convictions, comme l’agriculture OGM ou la vaccination massive, au détriment de remèdes naturels. Il estime aussi que l’engagement extrême de la fondation Gates dans l’éradication de la poliomyélite relègue au second plan la nécessaire lutte contre d’autres maladies plus répandues, comme la rougeole.

Enfin, la fondation Gates finance des programmes de lutte contre la famine et la malnutrition qui passent par des modèles d’industrialisation destructeurs pour l’environnement, épingle le groupe international d’experts indépendants sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food).

Le rapport : Fondation Gates : les investissements dans la recherche agricole en Afrique critiqués

CE QUI EST EXAGÉRÉ

  • Gates n’est pas « propriétaire » de l’OMS

Dire que Bill Gates est « propriétaire de l’OMS » relève au mieux de l’hyperbole, au pire du fantasme. D’un point de vue juridique d’abord : l’OMS est une organisation supranationale qui dépend de ses Etats membres, avec un statut d’institution spécialisée des Nations unies, selon sa Constitution.

D’un point de vue financier également, il s’agit d’une assertion exagérée. Même en additionnant toutes les autres fondations qu’elle finance, que ce soit de façon notable (l’alliance GAVI, à hauteur de 19,7 %) ou anecdotique (Rotary International, à qui elle a juste versé 25 000 dollars), la « galaxie » de la fondation Gates représente moins de 25 % du budget total de l’organisation, et n’est donc pas majoritaire – même si son poids reste considérable.

  • Une gouvernance complexe

Résumer l’OMS à la fondation Gates occulte la complexité de la gouvernance de l’agence de l’ONU. Le poids pris par le couple de milliardaires est ainsi, en creux, le révélateur du désinvestissement des Etats eux-mêmes, dans un contexte de crise du multilatéralisme.

Par ailleurs, comme l’a montré la crise due au coronavirus, les rapports de pouvoir au sein de l’OMS relèvent d’une géopolitique subtile, qui ne reflète pas uniquement la part des participations budgétaires. L’agence des Nations unies a ainsi été accusée d’être très proche de la ligne chinoise durant la pandémie, alors que le pays où est apparu le SARS-CoV-2 ne représente que 0,21 % de ses comptes.

« Bill Gates a prédit la pandémie »

Ce qui circule

Le milliardaire philanthrope aurait prophétisé l’arrivée du nouveau coronavirus, voire créé le SARS-CoV-2. Cette rumeur apparue à la fin de janvier a connu un regain d’intérêt au printemps à travers les allocutions virales d’une députée italienne, exclue du Mouvement cinq étoiles (parti antisystème), qui accusait Bill Gates de crimes contre l’humanité.

Bill Gates est également accusé d’avoir financé un institut de recherche britannique détenant le brevet du coronavirus responsable du Covid-19. Une personne sur huit pense que le milliardaire américain a eu un rôle dans la création du virus, selon un sondage australien.

CE QUI EST VRAI

  • Bill Gates avait alerté sur le risque d’une pandémie

En 2015, à l’occasion d’une conférence TED, Bill Gates alerte sur le fait que « nous ne sommes pas prêts pour la prochaine pandémie », en prenant pour preuve l’impréparation des Etats et des institutions scientifiques et sanitaires lors de la dernière apparition d’une épidémie d’Ebola.

Il décrit le profil d’une maladie qui serait plus dangereuse : un virus aérien, avec une période d’incubation asymptomatique mais contagieuse, comme la grippe de 1918. Une menace connue des épidémiologistes depuis l’épidémie de SRAS, en 2002-2003.

Quatre ans plus tard, le centre américain Johns-Hopkins, qui mène des études financées par le gouvernement et des mécènes privés comme la Fondation Bill et Melinda Gates, organise un exercice de simulation de « pandémie fictive de coronavirus » appelé « Event 201 », réunissant des décideurs mondiaux et des épidémiologistes, afin de réfléchir à une réponse coordonnée en cas d’apparition d’un nouveau virus.

  • Un brevet de vaccin sur un coronavirus existe

La fondation du cofondateur de Microsoft finance bel et bien le centre de recherche britannique Pirbright, connu pour le sérieux de ses travaux épidémiologiques. Et celui-ci a déposé en 2015 un brevet portant un vaccin contre un coronavirus.

CE QUI EST FAUX

  • Simuler n’est ni prédire ni créer

Bill Gates n’est pas Nostradamus. Lors de sa conférence TED, il évoquait le risque d’une épidémie pouvant causer 10 millions de morts ; le bilan du Covid-19 est pour l’instant à moins de 500 000.

L’« Event 201 » aussi diffère de la réalité. La simulation imaginait une épidémie touchant de nombreux pays dans le monde, mais son épicentre se trouvait dans une porcherie au Brésil, non dans un marché chinois. Par ailleurs, cet événement ne constituait pas une prédiction, ont rappelé ses organisateurs.

  • Un coronavirus aviaire sans rapport

Le brevet de l’institut Pirbright concerne des coronavirus affectant les animaux, en l’occurrence le virus de la bronchite infectieuse aviaire (IBV), qui affecte les poulets, et non pas les humains, comme le SARS-CoV-2.

« Bill Gates utilise les vaccins pour réduire la population mondiale »

Ce qui circule

A travers sa politique vaccinale, Bill Gates viserait, selon ses détracteurs, à réduire la population mondiale. Plusieurs sites et publications évoquent des effets secondaires pouvant aller jusqu’à la mort de 700 000 personnes pour le vaccin du Covid-19, citent 500 000 paralysies et même de nombreux décès au Pakistan, ou encore l’accusent d’avoir introduit l’autisme au Vietnam, ou encore d’avoir stérilisé des millions de femmes en Afrique.

Ce qui est vrai

  • Une volonté de contrôler la croissance démographique

Bill Gates finance depuis les années 1990 des actions portant sur le contrôle de la croissance de la population mondiale, d’abord par le planning familial et l’accès à la contraception, puis dans les années 2010, par l’amélioration des chances de survie des nouveau-nés et de l’espérance de vie des enfants dans les pays pauvres.

Le raisonnement du milliardaire, retracé dans un article du site de vérification Snopes, est le suivant : le niveau de vie des pays pauvres s’améliorera grâce à l’accès des femmes à l’éducation. Une évolution impossible dans les pays à la forte mortalité infantile, où les femmes enchaînent les grossesses et donnent naissance à des familles nombreuses pour compenser le faible taux de survie. Or « si une mère et un père savent que leur enfant vivra jusqu’à l’âge adulte, ils commencent à réduire naturellement la taille de la population » en enfantant moins, expliquait Melinda Gates en 2011, ce qui libère du temps pour les femmes.

C’est pour cette raison que la Fondation Bill et Melinda Gates finance massivement les programmes de l’OMS pour améliorer la santé des femmes, des nouveau-nés et des enfants, ainsi que la lutte contre la poliomyélite et le paludisme, deux maladies qui touchent les enfants.

La fondation est particulièrement investie dans la lutte pour l’éradication de la poliomyélite dans le monde. « C’est l’une de nos priorités absolues », expliquent Bill et Melinda Gates. Ce combat pour mettre fin à cette maladie encore présente dans certains pays, comme le Pakistan, le Nigeria ou l’Afghanistan, passe par l’initiative Global Polio Eradication Initiative (GPEI) créée en 1988 et financée en partie par le couple Gates.

  • Les vaccins peuvent avoir des effets secondaires

Un éventuel vaccin contre le SARS-CoV-2 (qui n’existe pas aujourd’hui) pourrait avoir des effets secondaires, comme n’importe quel médicament. Certains cas spectaculaires sont à l’origine d’une partie de la défiance contemporaine pour la vaccination. En 1995, 32 enfants en Angleterre ont été atteints de méningite virale après avoir reçu le vaccin contre la rougeole. L’enjeu pour les industriels et les professionnels de la santé est de s’assurer que ces effets secondaires non voulus soient les plus rares et mineurs possibles.

« On surveille ceux-ci à partir de l’autorisation de mise sur le marché. Si on observe un nombre anormal d’effets indésirables, on tire la sonnette d’alarme », explique au Monde Mounia Hocine, présidente de la Société française de biométrie, spécialiste du suivi des effets indésirables des vaccins.

Au début d’avril, le milliardaire américain expliquait justement qu’il fallait faire attention, dans le cadre du développement d’un vaccin en vitesse accélérée comme celui du Covid-19, aux effets secondaires, qui statistiquement, si l’on vaccine plusieurs milliards de personnes, peuvent affecter des centaines de milliers d’entre elles.

  • De rares cas de poliomyélites liées (indirectement) à la vaccination

La paralysie est l’une des complications possibles de la poliomyélite, maladie en voie d’éradication. Dans certaines situations très spécifiques, la politique de vaccination a paradoxalement pu mener à l’apparition de nouveaux cas.

Une des explications tient à la coexistence de deux types de vaccins contre la poliomyélite, dont l’un, l’OPV (pour « vaccin polio oral »), moins cher et plus facile à administrer, contient une souche atténuée et non inactivée du virus. Or la souche, expulsée du corps dans les excréments après la vaccination, peut se retrouver en contact de l’environnement dans les pays en voie de développement ne disposant pas de système de tout-à-l’égout, muter et redevenir virulente (et donc engendrer des paralysies).

CE QUI EST FAUX

  • Une politique qui n’a rien de « génocidaire »

Bill Gates n’a jamais parlé de réduire la population mondiale, encore moins de tuer qui que ce soit. Les nombreux propos qui lui sont attribués en ce sens ont été déformés ou mal compris. Tout est parti d’une conférence TED à laquelle le philanthrope avait participé en 2010. Bill Gates avait déclaré précisément ceci : « Le monde compte aujourd’hui 6,8 milliards de personnes. On devrait atteindre 9 milliards. Avec de très bons résultats sur les nouveaux vaccins, les soins de santé, le contrôle des naissances, on pourrait le réduire de, peut-être, 10 ou 15 %, mais on gardera un facteur d’augmentation d’environ 1,3. » C’est le facteur d’augmentation, c’est-à-dire la dynamique de croissance de la population, qu’il déclare vouloir réduire, non la population elle-même.

En 2019, la fondation Gates a principalement financé la lutte contre la mortalité maternelle et infantile

La santé maternelle, néonatale et pédiatrique, ainsi que l’aide à la contraception, sont les programmes de l’OMS les plus soutenus par l’ONG, devant la lutte contre le paludisme et la polio.
  • De nombreuses exagérations et désinformations sur les dangers des vaccins

Le malentendu se nourrit de nombreuses rumeurs, sans valeur scientifique, sur les effets des vaccins, en dépit de citations d’apparents experts. « Dans les discours antivaccin, il y a souvent une étude parue qui a tenté de prouver que tel ou tel adjuvant était toxique, par exemple celle du professeur Romain Gherardi sur [le danger de l’utilisation comme adjuvants de] sels d’aluminium. Sauf qu’elle n’a jamais pu être reproduite. Dans le cas d’Andrew Wakefield [qui a voulu établir le lien entre vaccination et autisme], la publication scientifique existe, mais a été rétractée car les données étaient erronées », explique Laurent-Henri Vignaud, historien spécialiste des mouvements « antivax ».

L’entretien avec Laurent-Henri Vignaud: Les discours antivaccins, bien implantés en France, ont redoublé de vigueur avec la crise sanitaire

La rumeur accusant Bill Gates d’avoir stérilisé des millions de femmes africaines circule depuis 2014 au moins, intensément relayée par le biais de religieux catholiques au Kenya. Des analyses commandées dans le cadre de vaccinations de femmes kényanes contre le tétanos auraient prouvé cette allégation. Mais ces analyses ont été jugées peu fiables par l’Unicef et l’OMS.

Nombre des chiffres avancés sont faux ou déformés. L’AFP rappelle que, selon les données publiées par l’OMS, il y a seulement eu 17 cas officiels de poliomyélite à la suite de virus dérivés de souches vaccinales entre 2000 et 2017 en Inde, et non 500 000 cas.

  • Les vaccins ne tuent pas

Bill Gates n’a jamais évoqué « 700 000 blessés ou morts » victimes du Covid-19, mais la possibilité qu’avec une vaccination à « l’échelle gigantesque », même avec un taux statistique d’effets secondaires très bas, 700 000 personnes puisse être affectées.

Les effets secondaires des vaccins font l’objet d’une surveillance pharmacologique très forte, qui peut parfois conduire au retrait d’une souche, par mesure de sécurité. « Déjà que les effets indésirables, on ne laisse pas passer, alors un vaccin qui tue, c’est impossible », assure Mounia Hocine.

Lire aussi Coronavirus : Bill Gates ciblé par des rumeurs et infox complotistes

« Bill Gates veut imposer un puçage des individus »

Ce qui circule

Le fondateur de Microsoft est soupçonné de vouloir profiter de la pandémie actuelle pour contrôler et tracer la population mondiale. Pour mener à bien sa « mission », M. Gates souhaiterait implanter des puces sous-cutanées pour héberger les données de santé des individus et utiliser le Covid-19 « pour la surveillance généralisée des humains ». Ces allégations partagées dans le monde entier ont également connu un certain écho en France lorsque l’actrice Juliette Binoche a publiquement dénoncé en mai les « opérations de Bill Gates » de « puce sous-cutanée ».

CE QUI EST VRAI

  • Des recherches existent sur un carnet de vaccination sous-cutané

Un article du Monde Afrique publié en 2019 est souvent cité pour étayer les rumeurs accusant M. Gates de vouloir « pucer » l’humanité. Il relate que la fondation Gates a financé en 2019 un projet imaginé par une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour tester un « carnet de vaccination injecté sous la peau » au Kenya et au Malawi, afin d’avoir une meilleure connaissance de l’historique vaccinal de chacun dans des pays où les dossiers médicaux sont parfois inexistants.

Ce carnet a été imaginé sous la forme de nanoparticules injectées sous la peau : « La recette finale est composée de nanocristaux à base de cuivre, appelés des boîtes quantiques (“quantum dots” en anglais), de 3,7 nanomètres de diamètre, et encapsulés dans des microparticules de 16 micromètres », détaillait l’article.

  • Bill Gates recommande des certificats numériques pour le suivi du Covid-19

Cette théorie a été renforcée par une conversation publique tenue en mars sur le forum Reddit. Interrogé sur les conséquences économiques et sociales de la crise liée au Covid-19, Bill Gates a répondu qu’il y aurait dans le futur des « certificats numériques pour savoir qui a guéri ou été testé récemment ou, quand nous aurons un vaccin, qui l’a reçu ».

  • Microsoft héberge des données de santé en France

La firme qu’a fondée Bill Gates a obtenu en 2016 l’autorisation d’héberger des données de santé en travaillant avec des hôpitaux français et des entreprises spécialisées.

CE QUI EST FAUX

  • Ni une puce électronique, ni un projet mondial

Mises bout à bout (la rhétorique complotiste suggère souvent de « relier les points entre eux » « connect the dots », en anglais), ces informations dessinent un projet angoissant. Il s’agit en réalité de trois informations distinctes.

Interrogé par Reuters, l’un des ingénieurs du MIT qui travaille sur le projet depuis 2016 explique que la technologie liée aux boîtes quantiques n’était « pas une puce électronique ». Cette technologie permettrait à un smartphone proche de la peau de lire l’information vaccinale.

Elle ne contient aucun outil permettant de géolocaliser une personne en permanence. Du reste, contrairement à l’idée voulant que Bill Gates ait en tête un plan de puçage mondial de la population, le projet n’a vocation à être déployé que dans les rares pays dépourvus de système de suivi médical.

  • Deux projets qui n’ont pas de rapport

Les « certificats numériques » évoqués par Bill Gates concernant la pandémie de Covid-19 et les carnets de vaccinations sous-cutanés n’ont pas pour but de pister la planète. Ses propos sur les certificats numériques « se rapportent aux efforts visant à créer une plate-forme numérique open source dans le but d’élargir l’accès à des tests à domicile sûrs », a expliqué la Fondation Bill et Melinda Gates à Reuters. Ce certificat numérique constituerait une sorte de carte d’identité permettant de savoir si une personne a été testée positive au Covid-19.

  • Un projet de « big data », plus que de « Big Brother »

Microsoft, dont Bill Gates est un des fondateurs, est, à l’instar d’Amazon et Google, l’un des géants mondiaux de l’hébergement de données. Il ne s’agit toutefois pas d’espionner la population, mais comme l’expliquait Le Figaro à l’époque, d’entraîner des intelligences artificielles, par exemple à l’analyse d’imagerie médicale. Cette autorisation dans un secteur sensible pose toutefois des questions de souveraineté numérique et de sécurité informatique. Soumise à des normes strictes, elle est renouvelable tous les trois ans.

Le Monde.fr

 

Association Chaine de l’espoir : Retour à la maison pour 3 enfants opérés du cœur

La scène est simplement émouvante dans le salon ministériel de l’aéroport international de Ouagadougou ce lundi 22 juin 2020. Après 4 mois de séjour en France, la petite Somé, 9 ans retrouve son père… La joie est visible sur le visage des parents des trois fillettes ( Laure âgée de 4 ans, Ca-Lawniti, 9 ans et Oumoul,11 ans), qui ne souffrent plus de cardiopathies. Le miracle s’est produit grâce à Dr Evariste Dabiré et à l’association française « la Chaine de l’espoir » qui ont tout mis en œuvre à Ouaga et en France pour que les trois enfants subissent une chirurgie réparatrice du cœur.

L’aventure dure depuis 2002 où pour la première fois, un enfant burkinabè quitte le Burkina pour aller en France pour une opération grâce à cette association. Depuis 121 enfants ont bénéficié gratuitement des soins de cette association caritative qui s’appuie également sur des familles d’accueil. Selon le Dr Evariste Dabiré, fondateur de la clinique du Bois et représentant de l’association au Burkina, l’ambition est désormais de pouvoir réaliser des opérations à cœur ouvert au Burkina avec une équipe de cardio-chirurgie formée sur place par la Chaine de l’espoir. En attendant, 8 enfants ont subi avec succès des opérations à cœur fermé avec cette même équipe dirigée par le Dr Adama Sawadogo.

Au-delà des opérations cardiaques, la chaine de l’espoir a ajouté depuis 2014, une autre flèche à son carquois. En effet, depuis 2014, ce combat pour le bien-être des enfants s’est élargi à travers des opérations  de chirurgie maxillo-faciale à travers des missions opératoires dirigées par le Pr Narcisse Zoetyenga. Les enfants souffrant de noma et d’autres maladies sont recrutés à travers des associations.

En 2018, l’AFD a financé un projet de prévention et de prise en charge des enfants souffrant du noma et de pathologies maxillo-faciales. Ce projet , qui couvre les régions du Nord, du Centre- Nord et de la Boucle du Mouhoun,  a permis de prendre en charge plus de 200 enfants.

Il faut souligner que les trois enfants sont venus dans le même avion qu’un groupe de commissaires européens conduisant une opération humanitaire. ( ils devraient faire un don de matériels et repartir sur Bruxelles dans l’après midi de ce 22 juin 2020)

En perspective

Dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, la Chaine de l’espoir procédera bientôt à la remise de matériels et consommables médicaux (dont des respirateurs) à l’hôpital de Tingandogo.

 Bruno Tarpaga

Révocation de 3 agents au MINEFID : le gouvernement a –t-il eu la main trop lourde ?

Le gouvernement a procédé à la révocation de la Fonction publique sans préjudice des poursuites pénales pour le motif de s’être rendus coupables d’actes d’indiscipline d’une extrême gravité, 3 agents du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), le 27 mai 2020. La sanction gouvernementale s’appuie sur les articles 158 et 170 de la loi n°081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la Fonction publique d’Etat.
En effet, l’article 158 de la loi précise que sont considérées, notamment, comme fautes professionnelles de troisième degré ou d’une extrême gravité, le fait pour le fonctionnaire de commettre des actes de violence physique sur toute personne sur le lieu de travail, sauf en cas de légitime défense.

En rappel, les faits se sont déroulés le jeudi 19 mars 2020 à la direction du Centre des impôts Ouaga I. Dame Awa Bikienga, agent de constatation et d’assiette, pour n’avoir pas suivi la grève de 96 heures lancé par le syndicat, sera molesté par 3 de ses collègues et très vite la vidéo de l’altercation deviendra virale. Il s’en suivra plus tard un communiqué du ministre en charge des finances apportant son soutien à l’agent qui a subi les violences et promettant de sanctionner les auteurs.

Quelques jours plus tard, le syndicat dans lequel les agents militent (le SNAID), a organisé une cérémonie de réconciliation et dans le compte rendu public, Dame Bikienga a accepté le pardon de ses collègues auteurs des violences.

Evidemment, pour l’administration, cette démarche ne pouvait mettre fin à la procédure déclenchée. Selon plusieurs sources, plusieurs actes de ce genre se sont produits au sein des services du MINEFID au cours du mois de mars. Conséquence, l’agression contre Mme Awa Bikienga apparaissait comme la goute d’eau de trop.

Les droits de la défense ont-ils été respectés ?

 

Les agents auteurs devaient-ils être entendus par le conseil de discipline ? Non, Là-dessus, la loi est claire. En effet, l’article 170 la loi n°081-2015/CNT du 24 novembre 2015 est explicite: « En cas de faute d’une extrême gravité, et sous réserve du respect des  dispositions de l’article 49, alinéa 2 de la présente loi, le Conseil des ministres doit être saisi de l’affaire par le ministre dont relève le fonctionnaire et statuer sans consulter le Conseil de discipline. La révocation est matérialisée par arrêté du ministre chargé de la Fonction publique et prend effet pour compter de la date de délibération du Conseil des ministres concerné ».

L’article 49 stipule justement  que « le fonctionnaire ne peut faire l’objet d’une sanction disciplinaire sans qu’il n’ait été, au préalable, informé des griefs retenus contre lui et qu’il n’ait été mis en mesure de présenter sa défense ».

A cet effet, des lettres d’explication ont été adressées aux agents concernés par l’affaire et par la suite une commission les a entendus.

C’est à l’issue de ce processus que le ministère en charge des finances a produit le rapport  qui a permis au Conseil des ministres de procéder à la révocation des trois agents. Il faut préciser que selon nos informations, ils ont décidé sur conseil de leur syndicat, d’attaquer devant le tribunal administratif cette affaire.

En attendant l’issue de ce qui promet d’être un feuilleton judiciaire, il est judicieux que l’Etat donne définitivement le ton de la fermeté contre ces actes de violence dans l’administration. Le droit de grève ne doit plus être le prétexte pour la négation des droits des autres travailleurs non syndiqués. Et c’est justement parce que ces actes d’intimidation n’étaient pas sanctionnés qu’ils se poursuivaient. Au-delà de ces incidents qui surviennent à l’occasion des grèves, l’Etat doit travailler à sanctionner sévèrement les usagers qui s’en prennent aux agents de l’Etat.

En somme, nous devons désormais attendre de l’Etat la tolérance zéro pour les actes de violence dans l’administration, pour restaurer son autorité.

Thierry B

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